Amenhotep III Nebmaâtrâ : le Pharaon Soleil


Amenhotep III faisant brûler de l'encens pour Amon, temple de Louqsor.

1-Qui est Amenhotep III Nebmaâtrâ ?

Au roi, le Soleil, mon seigneur, ainsi parle Adbi-Ashirta, ton serviteur, la poussière de tes pieds. Aux pieds du roi, mon seigneur, je me prosterne sept fois et sept fois encore. Vois, je suis un serviteur du roi, un chien dans sa maison, et je garde l'ensemble du pays d'Amourrou pour le roi, mon seigneur. J'ai encore dit à Pahanate, mon intendant : recrute des troupes qui libéreront et protègeront les pays du roi, le roi, le soleil. J'ai récolté aussi les moissons de Simyra et celles de tous les pays que je garde pour le roi, mon Soleil, mon seigneur.
(extrait d'une lettre d'Abdi-Ashirta, chef de l'Amourrou, à la chancellerie d'Amenhotep III, El Amarna Tafeln, pp. 497-501)

Amenhotep ou Amenophis III Nebmaâtrâ (Titulature du roi et de la reine) est le neuvième Pharaon de la XVIIIe dynastie ; fils de Thoutmosis IV Menkheperourâ (Un grand père guerrier et un père diplomate) et de la Grande Epouse Royale Moutemouia, fille du roi mitannien Artamama ; il régna sur l'Egypte 38 ans et 7 mois de 1391 à 1353 avant notre ère (Chronologie royale du Nouvel Empire). Uni à la Grande Epouse Royale Tyè (Reines et courtisans), Pharaon associa très étroitement la reine aux manifestations officielles de son règne, il sut s'entourer de courtisans zélés et brillants tel que le grand architecte Amenhotep fils de Hapou (Reines et courtisans), éminence grise du règne aux prérogatives difficilement saisissables qui édifia, entre autres, pour son maître le magnifique temple de Louqsor (Programme architectural) et le temple des Millions d'Années (Programme architectural) du souverain sur la rive occidentale du Nil, dont seuls subsistent aujourd'hui les deux colosses dits de Memnon.


Colosses de Memnon, Amenhotep III y est accompagné, de part et d'autre de ses jambes, par la Grande Epouse Royale Tyè, et par sa mère Moutemouia, Thèbes ouest.

Le règne d'Amenhotep III Nebmaâtrâ sera celui de la naissance sourde d'une révolution. Aton prend peu à peu une place primordiale dans le panthéon officiel ; et ce en faisant de plus en plus d'ombre au tout puissant Amon, ou plus exactement à son clergé nanti aux prétentions politiques de plus en plus menaçante pour Pharaon. Le culte d'Aton deviendra vite une arme politique visant à contenir les prêtres amoniens. Une nette évolution se fit également jour dans le domaine architectural et artistique : la statuaire est à son apogée, la finesse des productions, leurs modelés sont très souvent d'une exceptionnelle perfection ; c'est aussi le temps des premières statues colossales, les volumes architecturaux s'affinent tout en atteignant des proportions gigantesques (Programme architectural).


Amenhotep III, l'admirable statue dite de la cachette, musée de Louqsor.


Amenhotep III, tête colossale provenant de son temple funéraire, musée de Louqsor.

2-Un Pharaon hors norme à la destinée posthume malmenée :

Nombre des lions que Sa Majesté a elle-même ramenés à l'aide de son arc, depuis l'an 1 jusqu'à l'an 10 du règne : 102 lions sauvages.
(texte figurant sur la série de scarabées émise pour consacrer les chasses d'Amenhotep III, Urk. IV, 1740, l. 12-13)

Pharaon pacifique aux goûts fastueux et raffinés, le Roi Soleil porta l'Egypte et sa civilisation au summum de sa puissance et de son rayonnement sur le Monde antique (Carte de l'Empire égyptien). Cependant durant de nombreuses années, sa mémoire fut traitée d'une manière fort déplorable par les égyptologues, qui ne voyaient en lui qu'un roi inactif et indolent, profitant passivement des acquis de ses aïeux ; sa vie se résumait souvent dans les ouvrages spécialisés à quelques chasses, Pharaon semble en effet avoir particulièrement apprécié ce sport, et à une campagne symbolique en Nubie. Cette malheureuse vision s'explique par le caractère tout à fait original d'Amenhotep III Nebmaâtrâ : un roi pacifiste, faisant primer la diplomatie avant toutes choses, un monarque raffiné entouré d'une cour au faste inouï, tout ceci semblait bien loin alors des stéréotypes archaïques et des images erronées communément admises du Pharaon guerrier et autocrate.

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