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Amenhotep III Nebmaâtrâ est avec Ramsès II Ousermaâtrâ le plus grand bâtisseur de l'histoire de l'Egypte ancienne. Pharaon agrandit le temple d'Amon à Karnak, transforma la petite chapelle de Louqsor en un immense temple. Son fastueux temple funéraire, dont malheureusement ne subsistent que les colosses de Memnon, ce qui n'est déjà pas rien, la cité palatine de Malgatta, sa tombe dans la vallée des rois et les temples nubiens tel celui de Soleb viennent compléter un imposant programme architectural, traduction dans l'espace de la puissance de Pharaon et de la splendeur d'une époque.
Sous Thoutmosis IV (1401-1391) ( Le roi fit une grande porte en
avant (du temple) d'Amon Râ, seigneur des trônes du
Double Pays, entièrement recouverte d'or. L'image du
dieu, représenté comme un bélier, est incrustée de
lapis-lazuli véritable, et recouverte d'or et de
nombreuses pierres précieuses ; on n'en avait jamais
fait de semblables. Le sol était orné d'argent. Une
avant porte fut établie, et une stèle de lapis-lazuli
érigée sur chacun de ses côtés. Son pylône touchait
le ciel, semblable aux quatre piliers qui soutiennent
celui-ci ; l'étincellement des mâts à banderoles,
recouverts d'or fin, montait jusqu'au ciel. Sa Majesté
pour cela avait rapporté de l'or du pays de Karoy, lors
de la première campagne victorieuse destinée à
détruire le très vil pays de Koush.
Au nord du temple d'Amon Râ, Amenhotep III agrandit
considérablement le temple consacré au dieu faucon
Montou, divinité solaire et guerrière, patron de la
ville d'Hermonthis. Pharaon y édifia une enceinte
rectangulaire de 52,20 mètres par 26,25 mètres
entourant l'édifice préexistant, qu'il fit percer d'une
grande porte d'entrée, devant laquelle on dressa deux
obélisques de 18 mètres de haut. Dans l'enceinte ainsi
constituée, Amenhotep III édifia une cour péristyle à
ciel ouvert constituée de vingt-quatre colonnes
papyriformes à fûts fasciculés qui donnait accès à
une salle hypostyle dont le plafond était soutenu par
quatre colonnes d'un type analogue à celui de la cour.
L'ensemble est aujourd'hui fort ruiné, mais les quelques
vestiges traduisent encore la qualité et la finesse de
l'exécution.
Avant les travaux entrepris par Amenhotep
III, le site de Louqsor comportait déjà un édifice
cultuel datant de la XIIème dynastie (1994-1781).
Pharaon fit donc raser le petit édifice de grès et
confia les travaux aux architectes Southy et Hor. Avant
les adjonctions postérieures et en particuliers celles
de Ramsès II Ousermaâtrâ (
Les anciens Egyptiens nommaient le temple
de Louqsor
Si lon considère lextrême méfiance qui semble avoir été celle dAmenhotep III face au tout puissant clergé dAmon, pourquoi avoir accru de manière aussi exceptionnelle son patrimoine foncier et architectural ? En fait les constructions de pharaon à Thèbes répondent à une double logique : briser lexclusif du culte dAmon dans la capitale et rendre la divinité plus accessible au peuple. Briser lexclusif du culte amonien à Thèbes en construisant dautres sanctuaires pour promouvoir dans la capitale de lEmpire le culte dautres divinités, comme cela fut le cas pour Montou et Mout ; leurs temples respectifs entourent le Grand Temple dAmon à Karnak, et sont autant de satellites venant disputer lhégémonie du Grand Dieu et ainsi porter ombrage à la puissance de son clergé. Mais si lon considère cette vision des choses, comment expliquer et comprendre les motivations de la construction du temple de Louqsor, sanctuaire entièrement dévolu à Amon ? Lédification du temple de Louqsor répond elle à une seconde logique : rendre Amon et plus généralement le divin plus accessible au peuple ; en effet Louqsor joue un rôle important dans le déroulement de la fête dOpet, procession durant laquelle leffigie du dieu Amon était portée en procession et ainsi montrée au peuple, loracle dispensé par le dieu lors de la fête achevait de rendre la divinité encore plus accessible au commun des mortels, un véritable dialogue sinstaurant entre le dieu et les hommes. Ainsi le dieu caché, Amon en égyptien ancien signifie Celui qui est caché, devient plus facilement saisissable pour les hommes et les femmes de la masse qui se tenaient bien loin des cogitations intellectuelles des temples. La construction du temple de Louqsor, résidence dAmon lors de la fête dOpet, ne faisait ainsi que souligner limportance nouvelle des festivités. Cette volonté douverture du divin demeure nettement transcrite dans les formes architecturales datant du règne dAmenhotep III, avec notamment lédification presque systématique de colonnades à ciel ouvert en avant des temples comme à Karnak devant les temples dAmon et de Mout, comme à Louqsor ou bien encore comme à Soleb et à Sebeinga en Nubie ; caractéristiques de larchitecture religieuse sous Amenhotep III, ces halls dentrée marquent la nette intention de Pharaon douvrir les résidence du divin sur le monde des hommes. |