Programme architectural - Page 1/2 Amenhotep III Nebmaâtrâ est avec Ramsès II Ousermaâtrâ le plus grand bâtisseur de l'histoire de l'Egypte ancienne. Pharaon agrandit le temple d'Amon à Karnak, transforma la petite chapelle de Louqsor en un immense temple. Son fastueux temple funéraire, dont malheureusement ne subsistent que les colosses de Memnon, ce qui n'est déjà pas rien, la cité palatine de Malgatta, sa tombe dans la vallée des rois et les temples nubiens tel celui de Soleb viennent compléter un imposant programme architectural, traduction dans l'espace de la puissance de Pharaon et de la splendeur d'une époque. 1-Le Grand Temple d'Amon Râ à Karnak :
Sous Thoutmosis IV (1401-1391) (Un grand père guerrier et un père diplomate), père et prédécesseur de d'Amenhotep III , Le Grand Temple d'Amon Râ à Karnak commençait au quatrième pylône actuel construit par Thoutmosis Ier (1493-1481) (Chronologie royale du Nouvel Empire), en détruisant certain édifices de ces prédécesseurs, Amenhotep III le fit précéder d'un autre pylône (I), aujourd'hui le troisième, aux dimensions jusqu'alors inégalées, constitué de deux hauts massifs de grès à quatre mâts chacun encadrant une porte en grès. En avant de cette porte, Pharaon fit élever un vestibule (II) qui présidait à une imposante colonnade (III) constituée de deux rangées de sept colonnes papyriformes, seules douze des quatorze colonnes originales subsistent aujourd'hui, les deux colonnes en bout de travée ont été démolies pour faire place aux massifs du second pylône construit vraisemblablement par Horemheb (1323-1293) (Chronologie royale du Nouvel Empire) quelques années plus tard, le reste de la colonnade devint à partir de Séthy Ier (1291-1279) le coeur de la grande salle hypostyle du temple que devait achever son fils et successeur Ramsès II (1279-1213). Le roi fit une grande porte en
avant (du temple) d'Amon Râ, seigneur des trônes du
Double Pays, entièrement recouverte d'or. L'image du
dieu, représenté comme un bélier, est incrustée de
lapis-lazuli véritable, et recouverte d'or et de
nombreuses pierres précieuses ; on n'en avait jamais
fait de semblables. Le sol était orné d'argent. Une
avant porte fut établie, et une stèle de lapis-lazuli
érigée sur chacun de ses côtés. Son pylône touchait
le ciel, semblable aux quatre piliers qui soutiennent
celui-ci ; l'étincellement des mâts à banderoles,
recouverts d'or fin, montait jusqu'au ciel. Sa Majesté
pour cela avait rapporté de l'or du pays de Karoy, lors
de la première campagne victorieuse destinée à
détruire le très vil pays de Koush.
Au nord du temple d'Amon Râ, Amenhotep III agrandit
considérablement le temple consacré au dieu faucon
Montou, divinité solaire et guerrière, patron de la
ville d'Hermonthis. Pharaon y édifia une enceinte
rectangulaire de 52,20 mètres par 26,25 mètres
entourant l'édifice préexistant, qu'il fit percer d'une
grande porte d'entrée, devant laquelle on dressa deux
obélisques de 18 mètres de haut. Dans l'enceinte ainsi
constituée, Amenhotep III édifia une cour péristyle à
ciel ouvert constituée de vingt-quatre colonnes
papyriformes à fûts fasciculés qui donnait accès à
une salle hypostyle dont le plafond était soutenu par
quatre colonnes d'un type analogue à celui de la cour.
L'ensemble est aujourd'hui fort ruiné, mais les quelques
vestiges traduisent encore la qualité et la finesse de
l'exécution.
Avant les travaux entrepris par Amenhotep III, le site de Louqsor comportait déjà un édifice cultuel datant de la XIIème dynastie (1994-1781). Pharaon fit donc raser le petit édifice de grès et confia les travaux aux architectes Southy et Hor. Avant les adjonctions postérieures et en particuliers celles de Ramsès II Ousermaâtrâ (Chronologie royale du Nouvel Empire, Une succession obscure et agitée), on pénétrait dans le temple par un double pilastre à corniche (II) qui débouchait sur une grandiose colonnade papyriforme à fûts lisses haute de 15,80 mètres (III), longue de 52 mètres et large de 20 mètres. Ce premier ensemble donne accès à une magnifique cour péristyle (IV) large de 52 mètre et longue de 48 mètres, formée de 64 colonnes lotiformes fasciculées, leurs silhouettes élancées, leurs admirables proportions, leur finesse et leur couleur rosée confèrent à l'ensemble une grâce sans pareil qui contraste grandement avec la lourdeur et les silhouettes monstrueuses des colonnes de la cour (I) que Ramsès II fit édifier pour agrandir l'édifice original. Suit la grande salle hypostyle (V) formée de 32 colonnes semblables à celles qui ornent la cour à ciel ouvert, ordonnées en 4 rangées de 8, le tout donnant accès aux multiples chambres et chapelles (VI) réservées au culte.
Les anciens Egyptiens nommaient le temple de Louqsor , Ipèt Résyt, soit le "Harem Méridional (d'Amon)", en effet situé au sud du Grand Temple d'Amon à Karnak, le temple de Louqsor faisait office de simple dépendance du grand temple thébain, utilisée principalement lors de la grande fête d'Opet qui avait lieu le dix-neuvième jour du deuxième mois de la saison d'Akhet, c'est à dire dans la première quinzaine d'octobre. Durant celle-ci, Amon de Karnak rendait visite au temple de Louqsor, son "harem du sud", durant vingt-quatre jours. C'était une double fête de la fécondité et du renouveau, celle en premier lieu de la terre, fertilisée par le limon, et enfin celle du dieu tutélaire de la ville, le tout puissant Amon. Le temps fort des festivités résidait en la procession solennelle qui assurait le transport des statues d'Amon, de celle de sa parèdre Mout et de leur fils, le dieu Khonsou, entre les deux temples ; ces processions, effectuées par voie fluviale ou par voie terrestre en empruntant l'allée dallée bordée de sphinx et longue de 2500 mètres qui reliait Karnak à Louqsor, se déroulaient dans la liesse populaire et dans un faste indescriptible.
3-Karnak et Louqsor, le langage des pierres : Si lon considère lextrême méfiance qui semble avoir été celle dAmenhotep III face au tout puissant clergé dAmon, pourquoi avoir accru de manière aussi exceptionnelle son patrimoine foncier et architectural ? En fait les constructions de pharaon à Thèbes répondent à une double logique : briser lexclusif du culte dAmon dans la capitale et rendre la divinité plus accessible au peuple. Briser lexclusif du culte amonien à Thèbes en construisant dautres sanctuaires pour promouvoir dans la capitale de lEmpire le culte dautres divinités, comme cela fut le cas pour Montou et Mout ; leurs temples respectifs entourent le Grand Temple dAmon à Karnak, et sont autant de satellites venant disputer lhégémonie du Grand Dieu et ainsi porter ombrage à la puissance de son clergé. Mais si lon considère cette vision des choses, comment expliquer et comprendre les motivations de la construction du temple de Louqsor, sanctuaire entièrement dévolu à Amon ? Lédification du temple de Louqsor répond elle à une seconde logique : rendre Amon et plus généralement le divin plus accessible au peuple ; en effet Louqsor joue un rôle important dans le déroulement de la fête dOpet, procession durant laquelle leffigie du dieu Amon était portée en procession et ainsi montrée au peuple, loracle dispensé par le dieu lors de la fête achevait de rendre la divinité encore plus accessible au commun des mortels, un véritable dialogue sinstaurant entre le dieu et les hommes. Ainsi le dieu caché, Amon en égyptien ancien signifie Celui qui est caché, devient plus facilement saisissable pour les hommes et les femmes de la masse qui se tenaient bien loin des cogitations intellectuelles des temples. La construction du temple de Louqsor, résidence dAmon lors de la fête dOpet, ne faisait ainsi que souligner limportance nouvelle des festivités. Cette volonté douverture du divin demeure nettement transcrite dans les formes architecturales datant du règne dAmenhotep III, avec notamment lédification presque systématique de colonnades à ciel ouvert en avant des temples comme à Karnak devant les temples dAmon et de Mout, comme à Louqsor ou bien encore comme à Soleb et à Sebeinga en Nubie ; caractéristiques de larchitecture religieuse sous Amenhotep III, ces halls dentrée marquent la nette intention de Pharaon douvrir les résidence du divin sur le monde des hommes. |