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Programme architectural - Page
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1-La rive ouest de Thèbes :

Plan
du palais de Malgatta (détail) |

20 m
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Au sud de la Thèbes occidental Amenhotep
III fit bâtir, à partir de l'an 30, une véritable
ville ; au coeur de ce nouveau noyau urbain, l'immense
palais de Malgatta. On entrait dans la résidence royale
par une cour à ciel ouvert (I) au fond de laquelle un
podium où se dressait vraisemblablement un baldaquin
destiné à accueillir le trône royal. On distingue une
première salle d'audience (III) pourvue également d'un
socle où siégeait Pharaon. Un seconde salle d'audience
(IV), beaucoup plus impressionnante, se dressait au
centre du complexe. Elle était constituée des trois
salles, deux vastes salles hypostyles auxquelles succède
la salle d'audience proprement dite, une pièce
tétrastyle, véritable salle du trône. Donnant
directement accès à cette dernière, les appartements
privés du souverain (V), reconnaissables à l'alcôve
qui abritait le lit royal. La Grande Epouse Royale, Tyè
( Reines et courtisans), disposait
de ses propres appartements indépendants (II) et de sa
propre salle d'audience (VII), une pièce octostyle munie
à son extrémité d'un podium où trônait la
souveraine, une résidence dans la résidence. Viennent
s'ajouter les innombrables bâtiments annexes
nécessaires à la vie de la cour : ateliers, cuisines et
autres greniers qui s'organisaient autour d'une place
centrale (VI). En édifiant ce nouveau complexe palatin
sur la rive occidentale de Thèbes, Pharaon déplace le
centre du pouvoir et l'éloigne ainsi de la rive est, de
son temple de Karnak et du tout puissant clergé d'Amon.
C'est le même schéma qu'appliquera, certes d'une
manière plus radicale, le fils et successeur d'Amenhotep
III, Akhénaton (1353-1336) ( Une succession obscure et agitée) lorsqu'il fondera sa nouvelle capitale
: Akhetaton, aujourd'hui Tell-el-Amarna. De sa nouvelle
capitale, la ville d'Aton, loin de celle déchue d'Amon,
le souverain hérétique tentera d'imposer sa réforme
religieuse et la suprématie exclusive du
"Disque".
Outre cette résidence temporelle, Amenhotep III fit
édifier sur la rive occidentale thébaine, celle où
l'Astre meurt chaque soir avant de renaître, sa demeure
d'éternité. Creusée à l'ouest de la Vallée des Rois,
dans la Vallée des Singes, sa tombe fut établie à
l'écart de celles de ses ancêtres. Toujours pour se
distinguer de ses illustres prédécesseurs, Pharaon
voulut faire aménager une tombe plus grande et plus
complexe, constituée par plusieurs salles à piliers et
de nombreuses chambres. La salle du sarcophage comprend
deux parties : l'une, la plus haute, est supportée par
six piliers et son plafond est décoré d'importantes
représentations astronomiques ; dans la seconde partie,
plus basse, demeurent seulement les débris du
sarcophage. Importante originalité de l'hypogée, la
présence d'une salle destinée à accueillir la
sépulture de la Grande Epouse Royale Tyè. Découverte
officiellement en 1799 par deux ingénieurs français de
l'expédition de Bonaparte, Jollis et Devilliers, la
tombe porte le numéro 22 (KV 22), sa décoration est
exclusivement constituée de peintures murales finement
exécutées ; l'ensemble était dans un état plus que
médiocre ce qui motiva en 1990 une grande campagne de
restauration instiguée par l'université japonaise de
Waseda. La momie d'Amenhotep III fut retrouvée dans la
tombe d'Amenhotep II ; entreposée là, parmi d'autres
dépouilles royales, par les soins du premier prophète
d'Amon Pinedjem Ier durant la XXIème dynastie (1069-945)
pour la préserver des pilleurs de tombes ; aujourd'hui
au musée du Caire, elle n'est heureusement pas exposée
aux regards profanateurs des troupeaux de touristes.

Les colosses de Memnon qui flanquaient l'entrée du
temple funéraire d'Amenhotep III aujourd'hui disparu.
S'élevant à 19,90 mètres, les deux
géants de quartzite rouge veillent sur l'entrée de la
nécropole thébaine. Ces deux imposantes
représentations d'Amenhotep III présidaient jadis au
temple des Millions d'Années du souverain aujourd'hui
totalement ruiné. Taillées chacune d'un seul bloc, elle
représentent le souverain trônant, les jambes
encadrées par la Reine Mère Moutemouia et la Grande
Epouse Royale Tyè ( Reines et courtisans).
En l'an 27 de notre ère, un tremblement de terre
défigura les colosses ; dès lors chaque matin, la brise
matinale s'engouffrant dans les blessures du géant
septentrional alliée aux premiers rayons du soleil
réchauffant la pierre produisaient des sons assez
musicaux. Ceux ci furent assimilés aux plaintes de
l'Ethiopien Memnon, tué par Achille dans les champs de
Troie, et qui, à chaque aube, exhalait sa plainte vers
sa mère Eos, l'Aurore, dont les rayons rendaient
quotidiennement la vie à son fils. Mais l'Empereur
Septime Sévère fit restaurer le monument, mettant fin
aux plaintes du colosse et à la légende. A l'origine,
les deux géant flanquaient le pylône d'entrée du
temple qui devait mesurer près de 600 mètres de long,
soit le plus grand temple funéraire jamais édifié dans
la vallée thébaine, construit en grès, sous la
direction du grand architecte Amenhotep fils de Hapou ( Reines et courtisans). Il a
aujourd'hui totalement disparu et il reste délicat d'en
établir un plan ; deux cours successives devaient donner
accès à une salle hypostyle débouchant sur une cour
péristyle comparable au complexe édifié par Pharaon à
Louqsor ( Programme architectural).
Viens, ô Amon Râ, Seigneur des
trônes du Double Pays, qui préside à Karnak, afin de
contempler ce que j'ai construit pour toi à l'ouest de
Thèbes, et dont la beauté s'unit à l'horizon de Manou.
En lui, tu traversera les cieux en paix, quand tu te
lèveras dans l'horizon du ciel, il sera illuminé par
l'or de ton visage, car sa face est orientée vers l'est
pour ton apparition radieuse ; tandis que pour ton
coucher, ton horizon sera toujours dans la vie. Tu
étincelles dès l'aube, chaque jour, et ta perfection
demeure à l'intérieur de ce temple, sans cesse. Je l'ai
bâti en belle pierre blanche de grès, grâce à un
travail bénéfique. Ma Majesté l'a pourvu de statues,
au moyen de la pierre que j'avais rapportée de la
Montagne Rouge. Lorsqu'on les vit en leur place, la
liesse fut grande à cause de leur haute taille.
(texte figurant sur une stèle issue du temple
funéraire d'Amenhotep III et célébrant l'édifice,
Urk. IV, 1672, l. 7-19)
2-Quelques autres édifices :

An 11, troisième mois d'akhèt, le
premier, sous la majesté de l'Horus (... suit la
titulature d'Amenhotep III) et de la grande épouse
royale Tyè. Sa Majesté a ordonné l'édification d'un
canal pour la grande épouse royale Tyè dans sa ville de
Djâroukha. Sa longueur est de 3700 coudées et sa
largeur de 600 coudées. Sa Majesté a célébré
l'ouverture des canaux durant le troisième mois
d'akhèt, le 16, en naviguant sur la barque royale
"Aton étincelant", qui lui tint ainsi lieu de
résidence.
(texte célébrant la construction et l'inauguration
d'un canal, Urk. IV, 1737, l. 8-16)
Le programme architectural d'Amenhotep
III fut à l'image de son règne : grandiose et sans
précédent. Parallèlement à son activité
architecturale dans Thèbes, Pharaon couvrit l'ensemble
des territoires de l'Empire d'une multitude de
constructions. Impossible d'en dresser une liste
exhaustive, certains édifices restent cependant
incontournables. A El Kab, il fit édifier une petite
chapelle tétrastyle à chapiteaux hathoriques ; à
Eléphantine le roi éleva en l'an trente de son règne
une magnifique chapelle reposoir. Mais c'est en Nubie que
l'activité architecturale d'Amenhotep III, exception
faite de la capitale thébaine, fut la plus importante ;
le souverain érigea notamment à Soleb, entre la seconde
et la troisième cataracte, le plus beau temple du
Soudan. Construit en grès sur la rive gauche du Nil, son
plan rappelle très fortement celui du temple de Louqsor
( Programme
architectural).
En venant du Fleuve, on accédait au temple par un
débarcadère qui donnait sur un imposant pylône
précédant une longue allée de sphinx à têtes de
bélier menant jusqu'à une avant porte constituée de
quatre colonnes papyriformes à ciel ouvert ; un second
pylône précédait une succession de deux cours
péristyles qui donnait accès à une salle hypostyle de
vingt quatre colonnes, suivaient le saint des saints et
les nombreuses salles annexes dévolues à l'exercice du
culte conjoint du roi et d'Amon Râ. A Sedeinga, toujours
en Nubie, Amenhotep III fit élever un temple jumeau de
celui de Soleb, et consacré au culte de la Grande Epouse
Royale Tyè ( Reines et courtisans).
Pharaon contribua également à l'agrandissement du
temple de Tabo. Toutes ces constructions nubiennes
consacraient ainsi la domination égyptienne sur le pays
et constituaient un moyen efficace d'y implanter de
manière encore plus tangible le pouvoir de Pharaon.
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